Natures Mortes
Cette exposition dresse un état des lieux d’une nature en perdition à travers deux
subjectivités distinctes et sensibles.
Par le portrait et la nature morte, genres ayant traversé l’histoire de l’art et traduit les questionnements et les
aspirations d’une époque et d’une culture, les deux artistes livrent ici leur vision de nos quotidiens rythmés par les sinistres présages d’un système en fin de vie, qui est prêt à sacrifier l’ensemble du vivant pour s’acheter quelques instants d’agonie
supplémentaires, symptômes d’une crise écologique totale. C’est dans ce contexte que nous permettons au capitalisme d’exister sous perfusion au détriment de la Terre.
Virginie Contier et Arthur Plateau s’inscrivent dans le thème de la vanité. Cette peinture de genre raconte le luxe dérisoire face au temps qui aura raison de toutes choses, la précarité de l’existence, l’impossibilité de s’extraire de notre condition de mortels.
Dans l’histoire de l’art, elle est anthropocentrée : symbole de la fragilité, de la brièveté de la vie, du temps qui passe et de la mort pour l’être humain. Il se distingue des autres êtres vivants sensients (ceux qui ont la capacité de souffrir), qu’il considère comme des objets à travers l’idéologie de notre système capitaliste. Par une vision sensible et contemporaine, les œuvres présentées proposent de transposer ce genre spécifique de la nature morte qu’est la vanité et de l’appliquer au vivant dans son ensemble.
En réinterprétant ses figures et ses codes en une symbolique personnelle, nouvelle et actuelle, le duo d’artistes transpose ce genre pictural dans notre environnement contemporain pour se confronter aux
problématiques de notre monde.
Alors que les théories de l’effondrement et que la collapsologie sont à la mode, ce serait le summum de l’anthropocentrisme de croire qu’il n’y aura plus de vie sur Terre après nous. Imaginer que le vivant nous survive n’enlève rien à la rage de le voir ravagé par les sociétés humaines basées sur l’exploitation de la nature, son commerce et son contrôle.
Face à un écocide d’une violence inouïe, l’exposition invite à une prise de conscience collective en attribuant une valeur symbolique à la vie végétale et animale, ainsi qu’à l’objet. Les sujets choisis, leur organisation et leur agencement en une entité plastique, participent d’une intention graphique et traduisent une émotion poétique perçue dans la beauté du vivant et une volonté d’agir suite à la colère de le voir dépérir.
En faisant évoluer le sens de la vanité, figure classique de la peinture, signe du temps qui passe et des époques révolues, l’exposition Natures Mortes amène le spectateur à ne plus se limiter à une vision centrée sur la futilité des plaisirs du monde face à la mort qui nous attend tous. Elle met en perspective nos actes et notre impact sur la nature afin de reconsidérer la futilité des conforts fantasmés liés au capitalisme face à ce système mortifère qui détruit un écosystème planétaire.
De la nature morte à la mort de la nature il est grand temps d’ouvrir nos yeux !